Un monument de l’horticulture et de la botanique du XIXe siècle
Laissez-vous embarquer dans l’histoire fascinante du « Traité des arbres fruitiers », une œuvre magistrale où la science et l’art se rejoignent. Réalisé par Pierre-Antoine Poiteau et Pierre-Jean-François Turpin, cet ouvrage du XIXe siècle a marqué l’histoire de la pomologie, grâce à ses descriptions détaillées et ses illustrations époustouflantes.

Le contexte et la genèse : Une œuvre née de la passion pour les plantes
Le début du XIXe siècle est une période d’effervescence scientifique. L’intérêt croissant pour la botanique et l’horticulture pousse les scientifiques à explorer, classifier et documenter la richesse de la nature. Mais les systèmes de classification existants, comme celui de Linné, manquent encore de profondeur pour certains botanistes.
Pierre-Antoine Poiteau, passionné par les plantes depuis son apprentissage au Jardin des Plantes, est animé par le besoin de transmettre des descriptions précises des arbres fruitiers qu’il a étudiés. Encouragé par son mentor, André Thouin, il s’associe à Pierre-Jean-François Turpin, illustrateur de talent, pour reprendre et enrichir l’œuvre d’Henri-Louis Duhamel du Monceau : ‘Traité des arbres fruitiers’ publiée en 1768.
Ce qui devait être une simple réédition se transforme rapidement en un projet inédit, combinant rigueur scientifique et beauté artistique.
Une création exceptionnelle : Où science et art se rencontrent
Deux talents au service d’une œuvre : Poiteau, scientifique horticulteur et illustrateur, et Turpin, artiste botanique, travaillent main dans la main pour produire une œuvre aussi éducative que visuellement impressionnante.
- Une réédition augmentée : Ce traité dépasse largement son modèle original grâce à l’ajout de nouvelles variétés d’arbres fruitiers et à des illustrations détaillées.
- Un recentrage thématique : Contrairement à d’autres encyclopédies, Poiteau et Turpin choisissent de se concentrer exclusivement sur les arbres fruitiers, approfondissant chaque description.
- Des illustrations remarquables : Les planches présentent des branches complètes – feuilles, fleurs et fruits – dans leur taille et leur couleur naturelles. Ces détails permettent une identification précise, tout en offrant un véritable plaisir esthétique. Et là où l’ouvrage de Duhamel contenait 200 illustrations en noir et blanc, la version de Poiteau et Turpin en contient plus de 400 en couleurs.

Publication : Des défis financiers dans une période troublée
Un succès scientifique… mais un défi commercial :
Malgré la qualité exceptionnelle du traité, sa publication est marquée par des obstacles financiers en raison notamment des instabilités politiques et économiques en France en 1815.
Le coût élevé des gravures en couleur et la frilosité des souscripteurs entrainent l’interruption de la publication pour une durée indéterminée.
Cependant, grâce à la persévérance des auteurs et au soutien de figures influentes la publication de l’ouvrage reprend au bout de 15 ans. La publication de cet ouvrage s’est ainsi étendue de 1807 à 1835.
Dans les années qui suivent, des rapports favorables sont présentés à l’Académie des sciences, consolidant la place du traité comme une référence incontournable dans le domaine de l’horticulture.
Encore aujourd’hui, les amateurs d’art reconnaissent que cette version du Traité des arbres fruitiers est l’un des livres sur les fruits les plus beaux et les plus rares, avec de nombreuses et magnifiques planches.

Héritage et influence : Une œuvre qui traverse les siècles
Un modèle pour la pomologie et l’illustration botanique
Les descriptions et illustrations du « Traité des arbres fruitiers » ont marqué un tournant dans la manière de documenter les plantes. Précises, détaillées et élégantes, elles ont influencé des générations de scientifiques et d’artistes.
Une source d’inspiration artistique
Les planches du traité continuent d’inspirer les artistes contemporains. Ainsi, en 1969, Salvador Dalí a utilisé des illustrations de Poiteau et Turpin pour réaliser sa série de lithographie FlorDali (Les Fruits). Une exposition s’est d’ailleurs tenue en 2024 au Musée Dali en Floride (Dalí’s Floral Fantasies). Vous pouvez voir quelques planches dans l’article dédié : Dali : botanique surrealiste et farces cosmiques.
Une réédition témoignant de son importance
En 1862, l’ouvrage est réédité par M. Dubreuil, preuve de son succès durable et de son rôle de référence dans la science horticole.
Redécouvrir le Traité des arbres fruitiers aujourd’hui
Bien que publié au XIXe siècle, le « Traité des arbres fruitiers » reste un trésor inestimable pour les passionnés de botanique, d’horticulture et d’art.
Cet ouvrage étant rare, il n’existe pas, à date, de version numérisée de l’ensemble de cette œuvre, seules quelques dizaines de planches sont disponibles sur le Web. En voici quelques unes :
(Crédit photos: Sothebys, Trillium Rare Prints, Poiteau-Botaniste.com)
Si vous souhaitez découvrir d’autres magnifiques planches illustrées du Traité des arbres fruitiers, sachez qu’elles ont été réutilisées et enrichies dans Pomologie Française. Découvrez comment cette œuvre prolonge l’héritage botanique de Poiteau en consultant notre article dédié: Pomologie Française de Pierre-Antoine Poiteau : Un Trésor de la Botanique.
Le saviez-vous ?
Un exemplaire unique du Traité des arbres fruitiers illustré par Pierre Antoine Poiteau et Pierre Jean François Turpin s’est vendu pour la somme stupéfiante de 3,36 millions d‘Euros en 2006 lors d’une vente aux enchères à Bruxelles !
Il s’agit de la version contenant les 421 aquarelles originales sur vélin de Poiteau et Turpin. Celles qui ont été reproduites par les graveurs de l’éditeur afin d’assurer l’impression des ouvrages.